Discours et témoignages
Les 10 et 11 juin, nous avons célébré le 20ème anniversaire du monastère. Plus de 140 convives étaient présents. Tout s’est déroulé naturellement, de façon très fluide. L’ambiance était joyeuse, les cœurs paisibles.
Nous voudrions ici vous faire découvrir certains extraits des différents témoignages et discours qui y ont été donnés à cette occasion, chacun apportant sa pierre pour retracer l’histoire de ces 20 dernières années.
L’abbesse ouvre la séance en définissant l’essence de notre pratique :
[…] Dans le bouddhisme, sagesse et compassion sont les deux ailes de l’oiseau, les deux aspects de l’Éveil. C’est ce que nous nous efforçons ici de pratiquer. Notre pratique de méditation, zazen, est en soi pratique de l’Éveil à la réalité.
Nous nous efforçons de pratiquer l’Éveil également à travers tous les actes de la vie quotidienne. C’est à partir de cette aspiration que Kanshoji s’est développé au cours de ces vingt ans.
[…] Kanshoji a pu s’établir grâce aux dons de nos membres. Le don désintéressé est l’une des grandes vertus du bouddhisme.
Donner, recevoir, échanger, c’est ainsi que l’univers se développe continûment. Nous participons à cela. Se conformer aux Lois éternelles de l’univers, suivre la vie de l’univers, c’est cela la voie du Bouddha.
[…] Le fondement de notre aspiration bouddhiste est de pratiquer ce qui est bon pour tous, de s’oublier soi-même et d’aider ainsi toutes les existences.
Toutefois, comme en parle le Rév. Dokan Crépon, un monastère ne peut s’établir durablement qu’en s’appuyant sur une véritable transmission :
[…] Je ressens que Minamisawa Zenji a été le soutien, la force sous-jacente qui ont permis la création et l’épanouissement du temple jusqu’à la relation directe avec le Daihonzan Eiheiji.
[…] Je crois que l’authenticité des temples tient à ce qu’ils sont fondés sur une transmission. Celles de Minamizawa zenji, de Taiun roshi, de Hosetsu roshi, en sont les garants. Pour la génération à venir, c’est une grande chance mais également une grande exigence.
La nonne Yashō décrit la façon dont se sont établis, tout au long de ces 20 ans, la pratique et les règles :
[…] Nous nous sommes inspirés de la façon dont Maître Taisen Deshimaru avait établi la pratique au sein de l’Association Zen Internationale, pour ouvrir la pratique du zen au plus grand nombre. Kanshoji a aussi la vocation de former des moines et des nonnes. Nous sommes retournés à la racine, étudier les formes traditionnelles dans différents temples au Japon, introduits par Minamisawa Zenji.
[…] Les règles de vie ont été établies au fur et à mesure des problèmes qui se présentaient à nous – comme l’avait fait Bouddha de son temps. Par exemple, Kanshoji étant un monastère mixte, nous avons dû adapter la règle en fonction de cette réalité.
[…] Notre effort d’acculturation n’est pas fini, et comme rien n’est figé, nous continuerons de nous adapter aux changements de notre époque, sans jamais dénaturer l’essence de notre pratique.
Puis le moine Yushin, responsable des travaux à Kanshoji, se souvient :
Lorsque nous sommes arrivés fin 2002, ce lieu était une colonie de vacances. Depuis, de nombreux travaux ont été effectués pour en faire un véritable monastère bouddhiste, comme l’explique le moine Yushin dans son témoignage :
[…] En visitant ce lieu la première fois, nous avons compris notre chance d’avoir trouvé cet endroit exceptionnel, chargé d’histoire, qui fut occupé pendant plusieurs décennies par une communauté chrétienne de Jésuites.
[…] Sans vouloir copier le style inimitable des beaux temples zen japonais, nous nous sommes inspirés des côtés pratique de cette tradition pour aménager les bâtiments, embellir les extérieurs, construire un grand dojo en 2012 pour la méditation quotidienne qui est le cœur de notre pratique, etc.
Ninkai a abandonné son métier de comédien pour devenir moine. Il est très impliqué dans la pratique au dojo de Limoges et dans les nombreuses activités du monastère :
[…] Taiun Roshi, l’abbé fondateur du monastère, nous demande souvent : « Est-ce que vous préférez servir au paradis ou être le maître en enfer ? » En effet, à Kanshoji, il n’y a pas beaucoup de place pour l’egoïsme, on ne se fait pas applaudir pour ses talents et il n’y a pas de succès ou de victoire à obtenir. Et pourtant, ici, oui, c’est le paradis de l’esprit.
[…] L’abbé fondateur du monastère, ainsi que l’abbesse actuelle, les moines anciens, les résidents, les sympathisants, tous ont la foi. Dans le zen, la foi c’est FU-NI, non deux. La non séparation du corps et de l’esprit, la non séparation de moi avec les autres, de nous avec l’univers, de la vie et de la mort. La foi à la fin, c’est la confiance dans la vie, la joie pure d’exister ; c’est ce qui a permis à Kanshoji de voir le jour.
Myōen, à l’époque anoréxique et dépendante à l’héroïne, a fait un séjour de trois ans dans le monastère. Elle démontre dans un témoignage particulièrement touchant la puissance de l’enseignement du Bouddha et de la pratique qui l’accompagne :
[…] Les trois ans passés ici ont été à la fois les plus difficiles et les plus heureux de ma vie. Pendant cette période, j’ai fait beaucoup d’erreurs. M’harmoniser demandait beaucoup d’efforts, mais chaque fois que je tombais, au lieu d’être rejetée, j’étais encouragée à me relever et à continuer.
[…] J’ai persisté en raison de la foi que j’avais dans l’Abbé, Taiun Roshi, et dans son enseignement, en raison de l’immensité de cet enseignement et de son insistance à vivre par le Vœu, et en raison de la sincérité de la pratique qui m’entourait.
[…] À la grande surprise de ceux qui me connaissaient au Royaume-Uni, je me suis remise de l’anorexie en peu de temps, j’ai arrêté de prendre des médicaments et j’ai commencé à m’épanouir.
[…] Je dois ma vie à Docho Sama, au Dharma et à Kanshoji, et je vous remercie de m’avoir donné l’occasion d’exprimer ma gratitude aujourd’hui.
Tous les êtres humains aspirent à la fraternité. Monsieur le Sous-Préfet explique que le rôle de la République est d’accompagner cette aspiration profonde de chacun :
[…] La laïcité, c’est l’altérité, c’est ce qui nous rassemble car, dans notre république, qui accueille tous ses enfants en son sein, nous savons que ce qui les distingue est finalement insignifiant à côté de ce qu’ils ont en partage.
Ce rôle, l’État le tire également de la devise républicaine et en particulier du dernier élément de son triptyque : la fraternité. Fraternité qui se nourrit de la laïcité. Face aux intolérances, à la haine, nous ne pouvons opposer que la fraternité.
[…] Dans les temps troublés que nous vivons, je suis profondément convaincu que la clé de notre avenir est dans cette fraternité que nous avons en partage.
Madame Faure, maire de La Coquille, souligne la pertinence de l’enseignement du Bouddha pour les temps à venir :
[…] Vous avez réalisé un lieu unique de recueillement et de pratique du bouddhisme zen Sôtô.
Ce site est aujourd’hui connu et reconnu au-delà du cadre national pour la qualité de son enseignement.
[…] Votre souhait est de favoriser une véritable communication pour se rencontrer d’esprit à esprit. Vous dites que le responsable de nos insatisfactions et de nos souffrances est notre propre esprit. Comment ne pas être interpellée par cet enseignement devant l’individualisme grandissant de notre société et son incapacité à ralentir notre consommation qui détruit la planète ?
[…] Je souhaite que perdure l’école de vie que vous avez ouverte à tous ceux qui souhaitent la découvrir.
Shoten Minigishi Roshi, responsable de l’école zen Soto pour l’Europe, situe Kanshoji au cœur du bouddhisme zen Soto et dans le monde :
[…] L’une de mes grandes joies est d’avoir pu remettre à Kanshoj, le certificat attestant que le monastère est devenu temple branche de Eiheiji. Le kanji Ei signifie pour toujours et le mot Hei signifie paix. Ce nom signifie qu’il s’agit d’un temple qui prie pour la paix éternelle.
[…] Le temple Kanshoji, descendant direct d’Eiheiji, est appelé à travailler en France, et par extension en Europe pour transmettre le vrai bouddhisme et apporter la paix au monde depuis La Coquille.
En conclusion du week-end, Taiun Roshi, l’abbé fondateur de Kanshoji, nous a rappelé la valeur de la juste pratique :
[…] L’être humain aspire à vivre conformément aux lois de la Nature dont il reçoit la vie à chaque instant. Il aspire à vivre éveillé, éveillé à la réalité telle qu’elle est.
[…] Lorsque nous suivons ainsi cette Loi de l’interdépendance, Loi de l’univers, nous devenons des faiseurs de paix.
Les religions du Livre disent, chacune à leur façon : Shalom, Salaam alaikum, ou que la paix soit avec vous… Mais c’est toujours la paix en soi qui est source de la paix dans le monde.
[…] Puissions-nous dire, comme l’écrivait le tragédien Racine : « Oui, je viens en son temple adorer l’Éternel… ».
Ce temple, c’est notre corps, c’est l’univers ; l’Éternel, c’est l’esprit profond qui les anime.
Cet Esprit, dans sa forme originelle, demeure au-delà de toute compréhension humaine. Retourner à cet esprit originel, c’est la religion d’avant les religions. Cet esprit profondément religieux, au-delà de tous les systèmes et de toutes les écoles, concerne tous les êtres humains, que l’on soit croyant ou non, et nous réunit tous dans la paix et l’amitié.
Ici, vous pouvez voir le diaporama de l’activité des vingt ans passés : https://youtu.be/n0no8-fAZjM .
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