La Voie du Bouddha ne demande pas, en aucun cas, de se sacrifier pour les autres.
Un jour, du temps du Bouddha, le roi du Kosala demande à son épouse : « De vous ou de moi qui aimez-vous le plus ? » La reine répond : « Majesté, c’est moi que j’aime le plus. » Le roi est effondré.
Quelques temps plus tard, le roi rencontre le Bouddha Shakyamuni et, outré, lui rapporte les faits : « Mon épouse m’a dit qu’elle se préférait elle-même à moi, le roi, son époux. » Le Bouddha lui répond : « Bien sûr, elle a raison. » Le roi ne comprend plus.
Bouddha veut dire que notre pratique commence, avant tout, par nous-même. Nous devons nous prendre fermement en main, sans nous faire de mal.
La plupart du temps, nous pensons en termes de moi et de mien. Nous cherchons le bonheur en satisfaisant notre avidité, notre aversion, notre ignorance. Nous laissons l’ego diriger notre vie, c’est là que nous commettons l’erreur.
Penser à soi de façon juste, c’est penser à sa dimension de bouddha. C’est penser à mettre bouddha à la première place dans notre vie. À ce moment-là, l’ego suit bouddha. Pratiquer de cette façon, c’est accéder à un véritable bonheur qui rejaillit sur tous les autres. Quand vous agissez mené par l’égoïsme, même si vous touchez des petites satisfactions passagères, à la fin, vous vous faites mal et vous faites mal aux autres.
Nos choix sont justes quand ils sont bons pour nous et bons pour les autres. S’ils sont bons pour nous et mauvais pour les autres, ils sont égoïstes. S’ils sont bons pour les autres et mauvais pour nous, c’est que nous nous sacrifions et ils ne sont pas justes. Ce que Bouddha a voulu dire au roi, c’est que la pratique commence par soi-même. Se diriger vers la libération des trois poisons (avidité, aversion, ignorance), c’est bon pour soi, c’est bon pour les autres. Ne vous trompez pas sur l’enseignement du Bouddha.
L’enseignement du Bouddha parle de jiriki. Riki c’est la force, ji c’est le soi. Nous ne demandons pas au ciel ou aux autres de nous aider, de faire les choses à noter place. Nous faisons ce que nous seuls pouvons faire, c’est-à-dire se diriger vers notre dimension de bouddha : se libérer des trois poisons. Nous trouvons la force de faire cela par amour, par amour pour soi-même et pour les autres.
Se prendre fermement en mains, sans se faire de mal, c’est ce que nous faisons maintenant. Quand le dos droit, la respiration allant et venant librement, les pensées apparaissant et disparaissant d’elles-mêmes, nous maintenons le lien, nous maintenons le contact avec la réalité, avec ce qui est – avec ce qui est, tel quel.
C’est ce qu’a pratiqué Bouddha Shakyamuni, il y a 2600 ans. Pour la première fois, un être humain sortait de la longue nuit de l’ignorance. Après huit jours et huit nuits de méditation, il a vu se lever l’étoile du matin, il a ressenti qu’il n’en était pas séparé.
Sortant de la longue nuit de l’ignorance, le voile des illusions s’est déchiré. Il est seulement revenu à sa vraie nature, sans se faire de mal, sans se sacrifier. Il est simplement revenu à ce qu’il était réellement.
Taiun JP Faure, février 2025