Le grand éléphant* qui s’est embourbé, celui qui est allé trop loin dans le marécage des opinions n’a d’autres recours que de reculer, de trouver la force par lui-même ; personne ne peut le faire à sa place, il devra utiliser toutes ses facultés.

Le grand éléphant qui s’est embourbé dans le marécage des opinions ne peut compter que sur lui, que sur sa propre pratique pour s’arracher à la boue qui l’aspire ; personne ne peut lui venir en aide. Il doit trouver en lui l’intelligence, la force, la décision, il doit réunir toutes ses capacités et en un sursaut, s’arracher par lui-même. C’est ainsi que maître Bankei dit à ses disciples : Fermez la bouche.

Quand le grand éléphant prend conscience qu’il s’est avancé trop loin dans le marécage des opinions, quand il prend conscience qu’il s’est appuyé sur ce qui est sans réalité, quand il sent que le sol se dérobe sous ses pieds, il doit ressentir l’urgence, prendre la décision, voir l’ampleur du problème, ne compter que sur lui, rassembler toutes ses capacités, toutes ses forces pour reculer et s’arracher du monde des illusions, du monde sans substance – dans lequel cependant on peut se noyer et perdre la vie.

Aussi maître Hyakujo, faisant écho aux paroles de maître Bankei, dit : À la moindre considération, vous divaguez. 

Bankei dit : Fermez la bouche.

Taiun JP Faure, avril 2021

 

 

 

* Dans le zen, le grand éléphant fait souvent référence au grand disciple.

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