Dans le bouddhisme on définit toujours le moi comme ce qui possède le corps et l’esprit et les dirige. Bien sûr, un tel moi n’existe pas ; c’est seulement une fabrication mentale, une illusion. En fait, on ne peut pas séparer une existence de la myriade des existences de l’univers. Qu’on le sache ou non, la vie, ma vie, m’est donnée de l’univers entier.
Celui qui s’ouvre à la réalité, à la totalité des existences, qui sort de l’enfermement de ce moi illusoire, celui-là accède à sa vraie dimension. On pourrait dire qu’il accède au soi originel, au vrai soi, bien au-delà du je, du moi et du mien.
L’être humain véritable marche seul sur la Grande Terre. Ce n’est pas qu’il est séparé ou coupé des autres, mais il échappe à l’illusion du moi. Il est en relation automatique, naturelle, inconsciente avec toutes les existences. Il a oublié ce petit moi, il est devenu tout l’univers. Tel est l’éveillé.
Si l’on n’y prend pas garde, on aurait tendance à vouloir posséder. Les anciens ne disaient pas : la Terre est à moi, ils disaient : nous appartenons à la Terre.
Khalil Gibran, poète libanais, dit : Nos enfants ne nous appartiennent pas. Ils sont passés par nous mais ils sont des flèches lancées dans l’univers.
J’entends parfois cette parole horrible du genre : il n’est pas des nôtres. Cette idée, cette illusion du moi et du mien, nous poussent à dire des choses déplacées, à faire des choses déplacées, à penser de façon erronée. Croire en l’illusion du moi, c’est résolument se séparer de la réalité, se séparer de sa vraie nature, où celui qui donne, celui qui reçoit et ce qui est donné est une seule et même chose. La totalité des existences sont la vie de chacun.
À la fin, il n’y a pas de différence entre les bouddhas et les êtres ordinaires. Tant que nous maintenons notre cœur ouvert à toutes les existences, nous sommes Bouddha. Dès que nous nous rétrécissons au moi et au mien, nous sommes des êtres ordinaires.
Certaines personnes font le choix de ne faire le bien qu’à ceux qui appartiennent au moi et au mien. L’être humain de la Voie, celui qui marche librement sur la Grande Terre, ne choisit pas à qui il fait le bien, à qui il est bénéfique. Il comprend que sa vraie famille est l’univers tout entier, au-delà du moi et du mien.
Quand le don est authentique, celui qui donne, celui qui reçoit et ce qui est donné, sont une seule et même chose.
C’est une illusion de croire que le moi, seul, toujours, possède et contrôle le corps et l’esprit. Un tel moi n’existe pas. C’est seulement une commodité de langage.
Taiun JP Faure, avril 2025
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